Cet article fait partie de la série Portrait d’athlète qui met en avant des sportifs de haut niveau. Il s’appuie sur des clichés que j’ai pu réaliser lors de nos rencontres photographiques. Chaque épisode de la série est réalisé avec l’accord de l’athlète, qui valide le contenu (texte et images) avec moi. Dans mon article précédent, je vous présentais Camille Pouget, membre de l’équipe de France d’escalade. Ce nouveau volet est consacré à Guillaume Moro, évoluant en équipe de France d’escalade, dans la discipline “vitesse”.
Ces dernières années, j’ai passé du temps au contact de sportifs de haut niveau (SHN) dans le domaine de l’escalade. A force de les observer au téléobjectif pendant les compétitions, j’ai appris à mieux les connaître, et à comprendre leurs défis, au quotidien et sur une saison de grimpe. Et puis je suis papa d’un compétiteur, et je vois aussi les choses de l’intérieur. Donc je suis conscient que le haut niveau demande un investissement important. Et il ne fait pas de cadeau. Toutes les victoires s’obtiennent au mérite, et les contre performances servent à se construire.
C’est en combinant ces différentes perspectives que j’ai eu envie de dresser des portraits de ces athlètes hors du commun. Néanmoins, je suis plus à l’aise avec un appareil photo, qu’avec un stylo. Et donc, ces portraits seront avant tout photographiques, ponctués des petites histoires qui se cachent derrière les images.
L’escalade de vitesse
L’escalade de vitesse est un sport fascinant et intense ! C’est l’une des trois disciplines principales de l’escalade sportive, aux côtés du bloc et de la difficulté. Elle consiste à grimper le plus rapidement possible sur un mur standardisé de 15 mètres. Les grimpeurs s’affrontent en duel, et le plus rapide l’emporte. Née dans les années 1960, cette discipline s’est développée en compétition dans les années 1990. Elle atteint un pic d’exposition aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. (Retrouvez l’histoire complète de cette discipline sur le site GrandeVoix.fr.)
Le principe des duels à élimination directe rend ces compétitions très spectaculaires. On retrouve les codes du sprint sur 100m, discipline reine de l’athlétisme, avec l’explosivité et l’accélération propres à ces athlètes. Mais au lieu d’utiliser des séries de 8 à 10 sprinters, on utilise un tableau comme au tennis. Et donc, ceux qui se retrouvent dans le tableau des têtes de série ont un peu plus de pression. En escalade de vitesse, il n’est pas rare de voir un grimpeur glisser sur une prise ou rater un appuis. Ce qui fait qu’un “run” n’est jamais gagné tant que personne n’a frappé le buzzer.
Si vous n’avez jamais vu de compétition de vitesse, je vous recommande de regarder la vidéo suivante. Guillaume l’avait faite avec LUXOV pour présenter l’arrivée de la discipline aux JO.
J’ai découvert cette discipline explosive en plusieurs étapes. Tout d’abord en suivant des compétitions locales, en Auvergne Rhône Alpes, chez les jeunes. Ensuite, j’ai cherché à en savoir un peu plus sur les records mondiaux et Français. Je me suis alors rendu compte que nous avions une équipe de France plutôt performante dans le domaine. Et que l’un de ses meilleurs éléments s’entraînait dans le club voisin de Vertige escalade : Guillaume Moro.
Qui est Guillaume Moro ?
Guillaume est né en 1994, et il est spécialisé dans l’escalade de vitesse. Originaire de Lyon, il a commencé sa carrière dans les compétitions de jeunes. Et il a progressivement gravi les échelons pour devenir un compétiteur reconnu au niveau international. Il a obtenu plusieurs résultats notables au cours de sa carrière. Parmi ses accomplissements, on compte :
- une médaille d’or à la Coupe d’Europe en 2021 à Innsbruck,
- une médaille de bronze aux Championnats d’Europe 2022 à Munich,
- et plusieurs victoires en Coupe de France.
Il a également participé aux épreuves de la Coupe du Monde d’escalade, avec des classements parmi les meilleurs mondiaux.
Outre ses performances en compétition, Guillaume est connu pour sa détermination à progresser constamment. Mais aussi pour sa capacité à se maintenir au plus haut niveau dans une discipline où la vitesse et la précision sont primordiales.
Les records personnels de Guillaume en escalade de vitesse sont assez impressionnants. En général, ses meilleurs temps se situent dans la gamme des 5,2 à 5,4 secondes pour gravir les 15 mètres. Ce qui le place parmi les compétiteurs rapides et réguliers, et toujours en quête de performances de pointe. Voici quelques-uns de ses classements marquants :
- Meilleur temps connu : 5’’254 en juillet 2024.
- Médaille d’or : Coupe d’Europe à Innsbruck en 2021.
- Médaille de bronze : Championnats d’Europe à Munich en 2022.
Le record actuel de vitesse en escalade est détenu par Sam Watson, un grimpeur américain. Il a établi ce record lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 avec un temps exceptionnel de 4”74. Ce temps est actuellement le plus rapide jamais enregistré pour cette discipline.
[François] Guillaume, peux-tu nous raconter ce qui te fait vibrer dans cette discipline d’escalade de vitesse ?
[Guillaume] C’est surtout en compétition que l’adrénaline est la plus présente, avoir un adversaire juste à côté et sortir son meilleur run c’est quelque chose de magique. Je cherche aussi à améliorer mes records à l’entraînement, que ce soit sur des portions de la voie, en entier, mais aussi lesté avec du poids en plus, ou à l’inverse délesté, j’aime ces instants où je sens que je progresse.
Rencontres photographiques
Je ne suis pas le circuit de vitesse comme je suis le circuit de difficulté ou de bloc. Les compétitions que je suis sont celles auxquelles mon fils Thomas, ou les jeunes compétiteurs de notre club, sont inscrits. Mais le club de l’amicale laïque de Anse dans lequel je suis licencié, dispose d’un mur de vitesse homologué pour la compétition. Guillaume utilise cette structure pour s’entraîner, ce qui m’a permis de le rencontrer à plusieurs reprises. Dans les paragraphes suivants, je vais vous raconter chacune de ces rencontres photographiques.
Coupe de France de vitesse 2022 à Anse – Novembre 2021
Le club de l’amicale laïque de Anse inaugure sa toute nouvelle salle de sport, avec son mur de vitesse homologué. C’était l’occasion de voir, dans cette enceinte, des athlètes de niveau international. Comme Aurélia Sarisson et Lison Gautron chez les femmes, et Marceau Garnier, Aurélien Gayrard et Guillaume Moro chez les hommes.
Chez les femmes, Aurélia s’impose avec un chrono de 7”982. Chez les hommes, Guillaume décroche la première place avec un chrono de 5”860. Résultats complets sur le site de la FFME.
[François] Guillaume, quels souvenirs gardes tu de cette compétition et de ta victoire ?
[Guillaume] Je crois que j’avais pris cette compétition vraiment au sérieux et il me tenait à cœur de gagner, d’autant qu’étant du coin j’avais quelques supporters que je ne voulais pas décevoir.
Depuis cette compétition, Guillaume a multiplié les visites à Anse pour s’entraîner. Il s’implique également dans la vie de notre club. En effet, il apporte son expérience aux jeunes compétiteurs de vitesse qu’il entraîne. Nous nous croisions très régulièrement dans cette salle. Alors que j’arrivais pour encadrer une séance d’entraînement, il terminait ses derniers runs et bouclait sa séance.
A force de le croiser, j’ai fini par lui proposer mon idée de portrait d’athlète. Je venais de publier celui sur Camille Pouget, et j’avais très envie de décliner le concept avec lui. Il a été très réceptif à cette proposition, et il m’a donné son accord pour réaliser deux séances. Une séance “en action” prise lors d’un entraînement type, et une autre en tenue de “ville”, en extérieur de préférence. On a l’habitude de voir ces athlètes en tenue de sport, mais à quoi ressemblent ils en tenue classique. Comme cela m’intrigue, je prends un certain plaisir à mener cette séance “ville”.
Etant donné le volume d’entraînement de Guillaume, les occasions ne manquaient pas, et c’était plutôt à moi de m’adapter. Nous avons rapidement trouvé un créneau pour la première séance “en action”.
Séance d’entraînement à Anse – Janvier 2024
Nous avons gardé la séance le plus proche possible des gestes habituels. Cependant, comme pour Camille, Guillaume a reconnu que la présence d’un appareil photo perturbe un peu les rituels. Malgré cela, il a joué le jeu et m’a permis de faire de belles photos, lors de son échauffement puis lors de runs sur le mur.
[François] Guillaume, je sais que tu as un rituel bien précis que tu suis à chaque séance. Ce n’est pas trop dur de respecter cette discipline encore et encore ?
[Guillaume] Alors j’ai un échauffement type, mais je l’adapte très souvent selon ma forme du jour, et j’essaye de varier aussi mes séances de vitesse. Effectivement ça surprend souvent les grimpeurs qui ne conçoivent pas l’escalade comme un sport où l’on peut répéter 10 000 fois la même voie sans se lasser, et pourtant quand on à cette volonté de vouloir mieux faire à chaque run, c’est vraiment grisant comme discipline.
Championnat de France de vitesse sénior 2024 à Anse – Mars 2024
En mars 2024, le club de l’amicale laïque de Anse reçoit le championnat de France de vitesse Sénior. Une nouvelle occasion pour moi de suivre Guillaume, lors d’un grand rendez-vous. Les pointures de la discipline ont répondu présent à l’une des dernières épreuves avant les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Les jeunes fans de la discipline avaient les yeux qui brillaient quand Capucine Viglione, Manon Lebon, Victoire Andrier, ou encore Lison Gautron entraient en scène. Chez les hommes, Guillaume était entouré de Jérome Morel, Max Mengual et Pierre Rebreyend.
Guillaume arrivait à Anse avec une victoire en poche, car il venait de remporter la coupe de France de vitesse à Valence. Mais cette fois c’est Pierre qui s’impose avec un chrono de 5”339. Le public, présent en masse ce jour-là, a pu assister à un très beau spectacle ! Résultats complets sur le site de la FFME.
[François] Guillaume, tu jouais une nouvelle fois à domicile, pour ainsi dire, dans cette salle et sur ce mur que tu connais par cœur. Est-ce un avantage, une source de pression supplémentaire, ou un peu des deux ?
[Guillaume] Je dirais que c’est un avantage de connaître un mur, j’ai mes repères visuels, je connais l’adhérence qui est un facteur qui peut grandement varier d’un mur à l’autre. Les championnats de France de vitesse deviennent de plus en plus serrés car il y a plus de compétiteurs qui s’entraînent sérieusement dans cette discipline, donc forcément il fallait pousser les chronos et j’ai commis quelques erreurs techniques qui m’ont coûté le podium malgré quelques bons chronos en début de compétition.
Les JO se sont déroulés cet été 2024, et nos athlètes de la discipline représentant l’équipe de France n’ont pas pu exprimer leur plein potentiel. Quant à Guillaume, il n’a pas obtenu le précieux ticket lors des sélectifs. Le sport de haut niveau ne laisse que peu de place à la chance, et les heureux élus ne sont pas si nombreux.
Après plusieurs tentatives pour trouver un créneau en commun dans nos agendas, nous finissons par trouver une date fin octobre pour notre shooting en extérieur, et en tenue de ville.
Séance photo en extérieur à Trévoux – Octobre 2024
A cette époque de l’année, il faut composer avec une météo très variable. Et comme je voulais éviter de trop repousser cette séance, nous avons opté pour une journée un peu couverte, mais qui donnait une lumière douce et homogène. Mon épouse Cécile nous a accompagnés à Trévoux, une ville voisine de Anse, dans laquelle j’aime bien faire des photos. Les bords de Saône sont très attrayants.
Nous avons commencé la séance par le côté plus sauvage, où j’avais repéré un ponton sur la Saône, et un petit pont de bois. Un peu tendu au début de la séance, Guillaume a rapidement pris confiance. Les poses s’enchaînent dans ce paysage paisible et naturel.
Ensuite nous nous sommes dirigés vers la passerelle qui traverse la Saône.
Enfin, j’ai emmené Guillaume sur les quais de Saône, pour terminer cette séance au bord de l’eau.
[François] Guillaume, je pense que les athlètes sont généralement plus à l’aise dans leur activité physique d’excellence que dans cet exercice photographique. Cependant je t’ai trouvé plutôt décontracté et j’ai même eu l’impression que cela t’amusait. Est-ce que je me trompe ?
[Guillaume] Oui on va dire que ce genre d’exercices me sortent de ma zone de confort, je suis parfois plus à l’aise à grimper devant 1000 personnes que faire un shooting photo 😉 mais c’est vrai qu’une fois lancé, j’ai pris du plaisir dans cette séance photo !
Pour finir cet article, je souhaite remercier Guillaume Moro pour sa disponibilité et sa grande gentillesse. Intégrer ce genre d’expérience dans son programme d’entrainement demande une certaine flexibilité, et une ouverture d’esprit. Guillaume dispose de ces qualités, en plus de celles qui lui permettent d’atteindre le haut niveau. J’ai pris beaucoup de plaisir à préparer cet article, et à réaliser les différents shooting photo, bien évidemment. Je te souhaite le meilleur pour la suite, que je vais continuer à suivre à distance.
Remerciements
- Guillaume MORO (suivez le sur Instagram)
- AL Escalade (club d’escalade d’Anse)
- Cécile, mon épouse, pour son aide sur la séance de Trévoux
Palmarès de Guillaume
Références
- Une histoire de vitesse, sur le site Grande Voix
- Liste des sujets sur Guillaume Moro, chez PlanetGrimpe
- L’armée de champions (sponsor de Guillaume)
- Mon activité photo de sport
- Toutes mes photos d’escalade
- Mes éditions spéciales ArtSport by franLero
Bravo (et merci) pour vos photos de Guillaume qui sont vraiment de très haute qualité !
Merci Sylvie pour ce commentaire qui me touche beaucoup. J’ai réellement apprécié nos séances photos, et je pense que cela participe au résultat.